dim. Nov 24th, 2024

Pendant plus de 20 ans la République Démocratique du Congo est secouée par des guerres en répétition, surtout dans sa partie Est. Ce qui a donné naissance à la prolifération des groupes armés locaux et étrangers  qui font  la loi et imposent un déplacement massif des  populations les obligeant  parfois à quitter leurs milieux respectifs laissant derrière eux  toutes leurs ressources. La province du Nord-Kivu en générale et le territoire  de Rutshuru en particulier a Sombré dans   les  conflits   communautaires, suite à cette longue période de guerres qui a comme conséquence,  la  perte,  destruction  des  biens  et  documents témoignant  sur  la  propriété  de  la  personne  et  par  conséquent,  différents  conflits sont  nés  et  ont  impacté  négativement  sur  la  vie  sociale  des  populations  de  ce Territoire, des procès aux tribunaux s’en sont suivi ; C’est  ainsi  que  dans  ce  même  contexte ;  MIDEFEHOPS  et  son  partenaire  START FUND  ont  eu  l’initiative  de  mener  une  étude  sur  la  collecte  des  opinions  de  la population de RUTSHURU sur les structures de gestion et résolution  des conflits communautaires.

Collecte des opinions des populations locales  sur le fonctionnement des structures  communautaires  de la gestion et résolution des conflits  dans le groupement de Bweza , kisigari et Jomba en chefferie de Bwisha ,territoire de Rutshuru dans le cadre du projet Skill Grant appuyé par Start Network, un projet à exécuter pendant six mois  , de janvier à Juin 2022.   L’équipe d’enquêteurs de MIDEFEHOPS  procède par le Briefing pour se familiariser avec l’application de collecte de données numériques digitalisé par Monsieur Pascal Thumba, consultant de MIDEFEHOPS recruté pour la cause, « Le questionnaire est bon seulement qu’on nous accorde peu de temps pour l’enquête , mais nous allons quand même faire le travail »,  a déclaré Alice BUZIGE Enquêtrice de MIDEFEHOPS, elle est parmi les huit  enquêteurs qui ont été sélectionnés localement .

Pendant deux jours l’équipe d’enquêteurs MIDEFEHOPS se déploie sur terrain en vue récolter les donnée utiles sur le mécanisme de résolution des conflits dans la communauté locale et   l’appréciation de la population entre la justice et  les structures locales. Trois groupements de la chefferie de Bwisha ont été choisis pour cette enquête, dont le groupement de KISIGARI , de BWEZA  et celui de JOMBA.

Résultats de l’enquête

Cette enquête a été réalisée par l’équipe de MIDEFEHOPS du 11 au 12 Février 2022. Et 269 personnes  réparties  sur 8 villages ont été enquêtées notamment,   Kalengera,  Kako,  Buhuri  et  Rubare ,pour KISIGARI  ;   Matebe, Rangira et Kabindi  pour JOMBA et en fin Ntamugenga dans le groupement de BWEZA . La tranche d’âge  la plus atteinte lors de la collecte des données est celle de 25 à 30 ans et cette dernière possède un pourcentage  élevé  soit  32,7%  suivi  de  celle  de  31  ans  à  45  ans  qui  regorge  un pourcentage de 26,76% ; 20,07% avait 18 ans à 24 ans ; 20,04% avait de 45 ans et plus .

Les mécanismes locaux de résolution des conflits                                                                                                     

Dans le territoire de Rutshuru en chefferie de bwisha, à part les cours et tribunaux qui sont des structures de l’Etat, il  existe quelques   mécanismes locaux de résolution des conflits précédemment installés par le HCR, le STAREC, pour faire une médiation rapide, au profit de la population.                                                                            Il y a :- le BARAZA inter communautaire, HAKI LA AMANI (Justice de Paix), NPD (Noyaux de paix et Développement), le CLPD (Comité local de paix et Développement, CPPC (Comité Local Permanent de Consultation) et tant d’autres, qui sont au service de la population parmi lesquels certains qui sont les plus actifs et les autres qui  sont presque inactifs, et qui ont besoin d’être redynamiser, afin d’être plus bénéfiques aux communautés.

Les problèmes communs dans ces trois groupements

Les trois groupements enquêtés font face à  plusieurs problèmes communs, les plus  souvent  c’est le Kidnapping et le problème fonciers. « Nous n’avons pas de paix ici chez nous, si seulement on voit que tu as vendu ton sac de patates douces, cette  nuit-là on vient te kidnapper, et prendre tout cet argent » a déclaré une femme  de la soixantaine, habitante de Kabindi ;  « pour le moment nous vivons en crise de confiance , même avec le voisin de longue date , car il suffit qu’on voie un simple mouvement financier venu de la récolte , vous serez amené dans la brousse , et les ravisseurs vont demander une rançon, qui va vous coûter toute votre possession » a déclaré une femme  à l’un des enquêteurs , « si seulement  ,on remarque que votre champs produit beaucoup, la nuit c’est un membre de votre famille qui est  kidnappé , et la rançon qui sera demandé c’est au prix de votre champs , parfois c’est celui qui a organisé ce forfait qui sera l’acheteur de votre champs  ; alors là c’est comme vous lui avez gratuitement cédé votre champ » a poursuivi la femme. Par ces pratiques la population se retrouve pauvres, dépourvue  de tous ses biens, et  n’est plus en même de payer les honoraires d’un avocat à la justice.

La limite des mécanismes locaux de résolution des conflits

Parmi les personnes enquêtées figurent les leaders locaux qui n’ont pas caché leurs limites en matière de résolution des conflits. Certains se disent limités et débordés par la pertinence des problèmes, et demandent la légalisation des mécanismes locaux de résolution des conflits pour plus d’efficacité ; car la population n’est plus capable de supporter  les frais demandés aux cours et tribunaux. Parfois même, certains acteurs de ces structures locaux ne sont pas suffisamment outillés. Le groupement de Bweza compte 7 villages, parmi lesquels,  seul  un, se réfère au  Noyau de paix et de Développement NPD. Monsieur Gédéon Nzabonipa Serugari Chef de groupement de Bweza  plaide pour que l’équipe des mécanismes locaux de résolution des conflits puisse être étendu,  soit  motivé et renforcé en capacité en vue d’être plus efficace sur terrain.

La corruption qui s’invite dans les structures locales de médiation 

Dans les conflits fonciers, la raison du plus fort est toujours la meilleure même s’il n’a pas raison. Les structures locales de médiation n’échappent pas à cette loi, c’est celui qui a le moyen de corrompre qui a raison, même s’il aurait eu tort. «  Moi j’avais fui la guerre de 2008,  en revenant  j’ai trouvé mon champs déjà occupé par une autre personne, je suis allé me plaindre à la justice, on m’a demandée  50 dollars pour faire la descente sur terrain, j’ai donné cet argent, jusqu’à présent la descente n’a jamais été faite et mon champs est toujours occupé » a déclaré une femme âgée de soixante-dix-sept ans.

Notons que ça ce n’est que la première étape dans l’exécution de ce projet ;l’objectif de MIDEFEHOPS  dans cette enquête, c’était de s’enquérir des problèmes des populations locales en matière de gestion et résolution des conflits afin d’y apporte une solution palliative, une fois pour toute.

 

RECOMMANDATIONS DES LEADERS LOCAUX

 

Certaines recommandations ont émises  par les personnes enquêtées, dont les gros est :

Il  faut  que  les  leaders  locaux  de  structure  des  gestions  et  résolutions  des    Conflits communautaires soient reconnu par l’état (avoir une notification de l’état) ;

Les leaders locaux doivent être recyclés, car beaucoup ne connaissent pas la matière sur base des gestions et résolutions des conflits communautaires.

Il faut une motivation pour limiter la demande d’une petite somme d’argent  dans  la  population  mais  aussi  pour  éviter  la  corruption  dans  la  résolution des conflits.

 

Josué Poshombili

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