Pendant plus de 20 ans la République Démocratique du Congo est secouée par des guerres en répétition, surtout dans sa partie Est. Ce qui a donné naissance à la prolifération des groupes armés locaux et étrangers qui font la loi et imposent un déplacement massif des populations les obligeant parfois à quitter leurs milieux respectifs laissant derrière eux toutes leurs ressources. La province du Nord-Kivu en générale et le territoire de Rutshuru en particulier a Sombré dans les conflits communautaires, suite à cette longue période de guerres qui a comme conséquence, la perte, destruction des biens et documents témoignant sur la propriété de la personne et par conséquent, différents conflits sont nés et ont impacté négativement sur la vie sociale des populations de ce Territoire, des procès aux tribunaux s’en sont suivi ; C’est ainsi que dans ce même contexte ; MIDEFEHOPS et son partenaire START FUND ont eu l’initiative de mener une étude sur la collecte des opinions de la population de RUTSHURU sur les structures de gestion et résolution des conflits communautaires.
Collecte des opinions des populations locales sur le fonctionnement des structures communautaires de la gestion et résolution des conflits dans le groupement de Bweza , kisigari et Jomba en chefferie de Bwisha ,territoire de Rutshuru dans le cadre du projet Skill Grant appuyé par Start Network, un projet à exécuter pendant six mois , de janvier à Juin 2022. L’équipe d’enquêteurs de MIDEFEHOPS procède par le Briefing pour se familiariser avec l’application de collecte de données numériques digitalisé par Monsieur Pascal Thumba, consultant de MIDEFEHOPS recruté pour la cause, « Le questionnaire est bon seulement qu’on nous accorde peu de temps pour l’enquête , mais nous allons quand même faire le travail », a déclaré Alice BUZIGE Enquêtrice de MIDEFEHOPS, elle est parmi les huit enquêteurs qui ont été sélectionnés localement .
Pendant deux jours l’équipe d’enquêteurs MIDEFEHOPS se déploie sur terrain en vue récolter les donnée utiles sur le mécanisme de résolution des conflits dans la communauté locale et l’appréciation de la population entre la justice et les structures locales. Trois groupements de la chefferie de Bwisha ont été choisis pour cette enquête, dont le groupement de KISIGARI , de BWEZA et celui de JOMBA.
Résultats de l’enquête
Cette enquête a été réalisée par l’équipe de MIDEFEHOPS du 11 au 12 Février 2022. Et 269 personnes réparties sur 8 villages ont été enquêtées notamment, Kalengera, Kako, Buhuri et Rubare ,pour KISIGARI ; Matebe, Rangira et Kabindi pour JOMBA et en fin Ntamugenga dans le groupement de BWEZA . La tranche d’âge la plus atteinte lors de la collecte des données est celle de 25 à 30 ans et cette dernière possède un pourcentage élevé soit 32,7% suivi de celle de 31 ans à 45 ans qui regorge un pourcentage de 26,76% ; 20,07% avait 18 ans à 24 ans ; 20,04% avait de 45 ans et plus .
Les mécanismes locaux de résolution des conflits
Dans le territoire de Rutshuru en chefferie de bwisha, à part les cours et tribunaux qui sont des structures de l’Etat, il existe quelques mécanismes locaux de résolution des conflits précédemment installés par le HCR, le STAREC, pour faire une médiation rapide, au profit de la population. Il y a :- le BARAZA inter communautaire, HAKI LA AMANI (Justice de Paix), NPD (Noyaux de paix et Développement), le CLPD (Comité local de paix et Développement, CPPC (Comité Local Permanent de Consultation) et tant d’autres, qui sont au service de la population parmi lesquels certains qui sont les plus actifs et les autres qui sont presque inactifs, et qui ont besoin d’être redynamiser, afin d’être plus bénéfiques aux communautés.
Les problèmes communs dans ces trois groupements
Les trois groupements enquêtés font face à plusieurs problèmes communs, les plus souvent c’est le Kidnapping et le problème fonciers. « Nous n’avons pas de paix ici chez nous, si seulement on voit que tu as vendu ton sac de patates douces, cette nuit-là on vient te kidnapper, et prendre tout cet argent » a déclaré une femme de la soixantaine, habitante de Kabindi ; « pour le moment nous vivons en crise de confiance , même avec le voisin de longue date , car il suffit qu’on voie un simple mouvement financier venu de la récolte , vous serez amené dans la brousse , et les ravisseurs vont demander une rançon, qui va vous coûter toute votre possession » a déclaré une femme à l’un des enquêteurs , « si seulement ,on remarque que votre champs produit beaucoup, la nuit c’est un membre de votre famille qui est kidnappé , et la rançon qui sera demandé c’est au prix de votre champs , parfois c’est celui qui a organisé ce forfait qui sera l’acheteur de votre champs ; alors là c’est comme vous lui avez gratuitement cédé votre champ » a poursuivi la femme. Par ces pratiques la population se retrouve pauvres, dépourvue de tous ses biens, et n’est plus en même de payer les honoraires d’un avocat à la justice.
La limite des mécanismes locaux de résolution des conflits
Parmi les personnes enquêtées figurent les leaders locaux qui n’ont pas caché leurs limites en matière de résolution des conflits. Certains se disent limités et débordés par la pertinence des problèmes, et demandent la légalisation des mécanismes locaux de résolution des conflits pour plus d’efficacité ; car la population n’est plus capable de supporter les frais demandés aux cours et tribunaux. Parfois même, certains acteurs de ces structures locaux ne sont pas suffisamment outillés. Le groupement de Bweza compte 7 villages, parmi lesquels, seul un, se réfère au Noyau de paix et de Développement NPD. Monsieur Gédéon Nzabonipa Serugari Chef de groupement de Bweza plaide pour que l’équipe des mécanismes locaux de résolution des conflits puisse être étendu, soit motivé et renforcé en capacité en vue d’être plus efficace sur terrain.
La corruption qui s’invite dans les structures locales de médiation
Dans les conflits fonciers, la raison du plus fort est toujours la meilleure même s’il n’a pas raison. Les structures locales de médiation n’échappent pas à cette loi, c’est celui qui a le moyen de corrompre qui a raison, même s’il aurait eu tort. « Moi j’avais fui la guerre de 2008, en revenant j’ai trouvé mon champs déjà occupé par une autre personne, je suis allé me plaindre à la justice, on m’a demandée 50 dollars pour faire la descente sur terrain, j’ai donné cet argent, jusqu’à présent la descente n’a jamais été faite et mon champs est toujours occupé » a déclaré une femme âgée de soixante-dix-sept ans.
Notons que ça ce n’est que la première étape dans l’exécution de ce projet ;l’objectif de MIDEFEHOPS dans cette enquête, c’était de s’enquérir des problèmes des populations locales en matière de gestion et résolution des conflits afin d’y apporte une solution palliative, une fois pour toute.
RECOMMANDATIONS DES LEADERS LOCAUX
Certaines recommandations ont émises par les personnes enquêtées, dont les gros est :
Il faut que les leaders locaux de structure des gestions et résolutions des Conflits communautaires soient reconnu par l’état (avoir une notification de l’état) ;
Les leaders locaux doivent être recyclés, car beaucoup ne connaissent pas la matière sur base des gestions et résolutions des conflits communautaires.
Il faut une motivation pour limiter la demande d’une petite somme d’argent dans la population mais aussi pour éviter la corruption dans la résolution des conflits.
Josué Poshombili